Anne Goujaud


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Les joyeux préceptes d’Anne Goujaud

La gravure et la peinture sont des territoires dont il faut parfois élargir les frontières et les limites. Non seulement par velléité un peu vaine d’apporter coûte que coûte de l’inédit ou du fortuit à ces deux tekhnè ( dont on sait bien qu’elles résistent depuis très longtemps à de telle tentatives…), mais peut-être plus simplement pour assumer avec ce qu’il faut de légèreté et d’humour leurs qualités propres.

Anne Goujaud, née en 1954 travaille depuis de nombreuses années avec une même ardeur peinture et gravure. Passant de l’une à l’autre, sans état d’âme avec la même appétence qui tient au « plaisir de peindre la peinture » (1), mais aussi à cette capacité de glisser rapidement d’un geste à l’autre.

Sans doute, dans cette fluidité et cette énergie revendiquées fallait-il se construire quelques repères, tant iconographiques que méthodologiques afin de se préserver un tant soit peu du vertige boulimique que peut occasionner une technique parfaitement maîtrisée.

D’abord, le carré. Presque trop idéal pour la technique de l’eau-forte. S’y atteler donc, le répéter dans les formats et dans les motifs, comme pour une trame musicale où le thème principal s’inscrit puis subit ces altérations de couleurs et de timbres, qu’on appelle parfois un peu pauvrement variations.

Imperceptiblement, cette répétition qui n’en est d’ailleurs jamais exactement une, conduit l’œil aux abords de l’image, nous tire vers l’extérieur du damier dans un euphorisant appel d’air.

Toujours le carré. Mais « débordé », par des jeux de couleurs qui, au sens littéral, frisent la structure et active son décloisonnement.

Le carré « éludé » par les pois, confettis dérisoires qui ne cessent de contaminer l’espace.

Le carré, aire de jeu où toupies, balles, ballons, bannières et drapeaux s’en donnent à cœur joie…

Mais aussi le carré, plan architectural, (bribe de mémoire de nombreux voyages effectués) avec cette tendresse particulière pour les enluminures des célèbres Beatus mozarabes aux bandes horizontales de couleurs violentes et crues, parsemées de murailles crénelées et arcs outrepassés.

Ainsi, dans ses aller et retour entre peinture et gravure Anne Goujaud parvient à associer et à combiner un imaginaire poétique aux traces fugace du réel ; elle en dépose quelques indices dans une production artistique, proche d’un « album » que n’aurait pas renié Erik Satie… « Cette publication est constituée de deux éléments artistiques : dessin et musique ; la partie dessin est figurée par des traits – des traits d’esprit ; la partie musicale est représentée par des points – des point noirs - …

je conseille de feuilleter ce livre d’un doigt aimable et souriant, car c’est ici une œuvre de fantaisie… » (2)

Claire Nédellec

Mars 2001

(1) Gérard Gasiorowski in Entretiens avec Suzanne Pagé ARC 1983

(2) Erik Satie (1866-1925) in préface / avertissement de Sports et divertissement

 


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